Titre : Aveu de faiblesses
Auteur : Frédéric Viguier
Maison d’édition : Le Livre de Poche
Date de parution : 30 mai 2018
Genre : Contemporain, Policier
Prix : 6.40€
Alors que je me baladais tranquillement à la Fnac, plusieurs livres dans les mains, un sympathique monsieur travaillant là-bas m’a dit bonjour (non, je ne connais pas tous les employés, juste lui !).
« Tiens, puisque tu es là, j’ai un livre que tu devrais apprécier, il paraît qu’il est génial. »
Influençable comme je suis, je l’ai juste acheté avec les autres, parce que le résumé me parlait bien.
Une très bonne idée que j’ai eue là.
Résumé
Dans un bourg du Nord, Yvan est apprenti menuisier. Né d’un père borné et réac, et d’une mère qui rêverait qu’il devienne artiste, c’est un adolescent complexé et solitaire, moqué pour sa laideur et sa différence par ses camarades. Tout près de chez lui, un enfant est retrouvé mort, assassiné. Les policiers débarquent dans la maison familiale pour une enquête générale, un engrenage implacable se met alors en branle. La mère d’Yvan s’emmêle dans ses déclarations, leur ment, revient sur ses propos. Tétanisé, Yvan se contredit plusieurs fois, et se fait piéger à la suite d’un petit mensonge.
Extraits
« Depuis le début on se fout de mon nez, qui est trop long, et de mes jambes, qui sont tordues, et de mon ventre, qui est gros, et de mes cheveux, qui sont trop roux, et de moi, qui ne parle jamais. On me regarde avec dégoût. Plus tard, en plus du regard, il y a eu les mots. Ensuite, en plus des regards et des mots, il y a eu les coups. »
« Je sais que si je te laisse me répondre, tu vas me dire que tu n’as tué personne, que tu es là par erreur, et qu’il faut que je te croie. Alors, ne me dis rien, et écoute-moi. Je te comprends. Et tu sais pourquoi je te comprends ? Parce que ça fait trente ans que je fais ce boulot, et que je connais mon métier. Il y a dans cette prison, sur les 800 détenus, 800 victimes de la vie et autant d’innocents. »
Mon avis
La plume de l’auteur est excellente.Il a réussi à me faire rentrer dans l’histoire en à peine quelques mots.
Nous suivons l’histoire de Yvan, écrite à la première personne ce qui, dans ce roman est un plus formidable, et permet de se mettre aisément à sa place.
L’histoire est fantastique, la trame excellente et le protagoniste particulièrement attachant.
Revenons donc à Yvan : Adolescent de dix-sept ans, rouquin, physique plutôt ingrat, un embonpoint évident et simple d’esprit. Il n’attire sur lui qu’insultes, moqueries et coups de ses « camarades ».
Un jour, près de chez lui, un enfant de huit ans (son voisin) est assassiné. Les soupçons se portent vers lui, et il se fait piéger suite à un mensonge (de sa mère).
Il devient donc très vite victime d’une erreur judiciaire. Rajoutons à ça du harcèlement, de l’injustice, et beaucoup de résignation pour avoir le mélange pur de ce qui définit sa vie. Je vous jure, j’avais envie de le prendre dans mes bras pour le consoler à chaque page de ce livre. Bref.
Nous assistons au début de l’enquête, à l’arrestation, au procès et à l’incarcération. Avec dégoût et colère, devrais-je ajouter. Il y a sincèrement des sentiments de malaise, de haine et de dégoût qui ne m’ont pas quittée jusqu’à la dernière page du livre.
Et, sans spoil les gars : cette fin. Exceptionnelle.
Yvan est un personnage extrêmement touchant et très attachant dès le début. Il a un regard innocent et naïf sur le monde et les personnes qui l’entourent. C’est pour ça que j’ai développé une compassion énorme pour ce garçon. Je me suis sentie à la fois touchée, inquiète, attendrie et désolée pour lui à chacune des pages que j’ai tourné.
J’avoue que j’ai du mal à évoquer tous les autres personnages sans m’énerver plus que de raison : entre une mère déséquilibrée, un flic violent et injuste, et un avocat pourri jusqu’à la moelle, la colère et la haine étaient aussi bien présentes.
Ma note
C’est un roman plutôt court, mais bourré d’émotions, positives ou négatives. Une tendresse permanente pour Yvan, et une indignation légendaire pour tout ce qui l’entoure et tout ce qu’il subit. C’est un ouvrage moralement douloureux à lire, mais c’est une douleur que j’ai eu envie de continuer à subir jusqu’au dernier mot.
Et à dire vrai, la douleur a été bien pire après le dernier mot.
C’est sans aucun doute le personnage d’Yvan et la fin de ce roman qui en ont fait, pour moi, un énorme coup de cœur.
Note : ♥♥♥♥♥ (20/20)