Dystopie / Futuriste

VOX – Christina Dalcher

Titre : VOX
Auteur : Christina Dalcher
Maison d’édition : NiL
Date de parution : 7 mars 2019
Genre : Dystopie
Prix : 22€

Ce paragraphe fait exactement cent mots. Lis le à voix haute. Regarde ce qu’il représente sur une journée entière. Rien. J’ai découvert un univers où la Femme en tant que qu’être humain n’existe plus. Elle doit laisser place à la femme fidèle et parfaite ménagère, un objet, appartenant au mari. Ce roman était une énorme claque. En tant que Femme, je me suis sentie blessée, déshonorée, rabaissée, bouleversée, outrée, souillée. En tant que lectrice, j’ai été bluffée, impressionnée… Révoltée. Et n’oubliez pas : Parlez. Ne laissez plus le silence vous écraser. Ne vous taisez plus.

Résumé

Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne. Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Extraits

« Réfléchissez au moment où vous vous réveillerez un beau matin, en constatant que vous n’avez plus voix au chapitre. »

« Après tout, on attend de ma fille qu’elle sache un jour tenir un foyer, faire des courses et qu’elle devienne une bonne épouse dévouée. Pour ça, il faut simplement savoir compter, pas besoin d’orthographe. Ni de littérature. Ni d’une voix. »

Mon avis

Sans mauvais jeu de mots, ce roman m’a laissée sans voix. Tout était fait pour me plaire, absolument tout.

La plume de Christina Dalcher est fantastique. Elle est crue, honnête, prenante, percutante. L’autrice a réussi, au travers de son style, à me transmettre un nombre incalculable d’émotions et de sentiments. Le rythme de son roman était tout simplement parfait : prenant, haletant, sans aucune longueur, chapitres courts et passionnants.

Les personnages sont absolument excellents. Je n’ai vraiment rien à redire. Ils sont tous travaillés avec justesse, ils ont tous leurs défauts, leurs qualités, leur conscience, leurs avis, leurs raisons d’agir comme ils le font. En effet, les personnages sont brillamment mis en scène et apportent tous quelque chose à ce roman.

Maintenant, passons au plus gros, au plus important dans cet ouvrage. L’histoire.
Sans mauvais jeu de mots, l’intrigue m’a laissée sans voix.

Nous suivons ici Jean, ancienne docteure en neurosciences. Après l’élection du nouveau président, les choses commencent à changer pour les femmes. 100 mots par jour, c’est tout ce qu’il leur reste. Plus de travail, plus de technologies, plus de culture, plus de livres (quelle hérésie !), plus rien. Si, une seule chose : un « compte-mots », placé autour du poignet, qui envoie des décharges électriques de plus en plus fortes en fonction du nombre de mots prononcés après le centième.
Et plus que de ne pas pouvoir parler, Jean voit d’une part son fils aîné se tourner vers ce nouveau monde et en adopter les idées, et d’autre part sa petite fille cadette élevée dans la peur de parler, et dans l’apprentissage limité à la cuisine, la couture, et le jardinage. Jusqu’au jour où elle se fait engager pour soigner le frère du président.

Le seul petit point négatif pour moi reste la fin, un tout petit peu trop rapide pour moi. Il me manquait tout simplement un peu plus de temps avec Jean et sa famille, et peut-être aussi quelques informations ou explications supplémentaires.

Pour tout dire, j’ai mis énormément de temps à trouver des mots pour exprimer ce que j’ai ressenti en lisant ce livre. Et même maintenant, je ne suis pas certaine d’avoir réussi. J’ai été… juste révoltée, brisée, bourrée de haine, de peur, de colère, de douleur, de tristesse et de compassion. En tant que femme, je ne pouvais me sentir autrement que rabaissée, souillée et dénigrée.
J’ai tout simplement adoré ce roman. J’ai été transportée du premier au dernier mot, sans jamais me sentir perdue (malgré le nombre considérable de mots techniques très scientifiques).
Le sujet était révoltant mais si bien exploité, et tellement crédible que j’ai presque cru que j’y étais. J’ai essayé, vraiment, de ne dire que cent mots sur une journée, de minuit à minuit. Juste pour voir, pour essayer. Et je n’ai pas réussi (je suis un moulin à parole, oui). C’est vraiment… radical. On ne se rend pas compte de ce qu’on a avant de le perdre, et je refuse de perdre ma voix.

Mon avis

VOX aura été pour moi une véritable claque, dans tous les sens du terme. Une claque dans ma lecture, mais aussi dans ma façon de penser, et d’agir au quotidien. J’ai eu un véritable coup de coeur pour ce roman aussi puissant que terrifiant, qui m’a laissé des traces probablement indélébiles.
Note : ♥♥♥♥♥ (19/20)

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